Paroles de dimanches

Le Temple devenu centre commercial

Photo André Myre

Par André Myre

Paroles de dimanches

26 février 2024

Crédit photo : rudall30 / iStock

C’est le temps de sortir le fouet.

Pour ce dimanche, la Liturgie a choisi de faire lire le récit du geste de Jésus contre le temple de Jérusalem tel qu’il est raconté dans l’évangile de Jean (Jn 2,13-25). Jésus a décidé de monter en Judée, après avoir sauvé l’honneur des noces d’un jeune couple en Galilée. Le ton est très différent.

Alors que, chez lui, Jésus veut donner aux siens le courage et la joie de vivre, en Judée, par contre, il s’attaque au cœur du système qui empêche les Galiléens de vivre. Dès le début du livre, l’orientation des signes qu’il va poser est claire et annonce le reste.

 

2,13 Et la Pâque des Judéens était proche, et Jésus monta à Jérusalem.

 

14 Et, dans le Temple, il trouva des marchands de bœufs, de moutons et de colombes, et des changeurs affairés. 15 Et, s’étant fabriqué un fouet de cordes, il les chassa tous du Temple, moutons et bœufs compris. Et il éparpilla la monnaie des changeurs et il renversa leurs tables. 16 Et il dit aux marchands de colombes :

Enlevez-moi ça d’ici. Arrêtez de faire de la maison de mon Parent un marché public.

17 Ses partisans se rappelèrent qu’il est écrit ceci :

«Je serai dévoré par la passion pour ta Maison.»[1]

18 Les Judéens répondirent donc et lui dirent :

Quel signe nous montres-tu pour faire de telles choses?

19 Jésus répondit et leur dit :

Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je l’aurai relevé.

20 Les Judéens lui dirent donc :

Il a fallu quarante-six ans pour construire ce sanctuaire, et toi, tu le relèverais en trois jours?

21 Mais lui, il parlait du sanctuaire de sa personne. 22 Aussi, après qu’il ait été relevé des morts, ses partisans se rappelèrent-ils ce qu’il avait dit, et ils firent confiance à l’Écriture et au dire qu’il avait dit.

 

23 Comme il était à Jérusalem pendant la Pâque, le temps de la fête, beaucoup de monde, à la vue des signes qu’il faisait, lui firent confiance à lui. 24 Mais Jésus lui-même ne leur faisait pas confiance parce qu’il les connaissait tous, 25 et qu’il n’avait pas besoin du témoignage de quiconque sur l’être humain : lui, en effet, connaissait l’être humain de l’intérieur.

 

Traduction

 

Affairés (v 14). Littéralement : «assis». Installés à leur table de travail, les changeurs sont en pleine activité.

Sa personne (v 21). Seule mention du sôma («corps») dans le Livre des signes (Jn 2-12). Dans le contexte, il est évident que le corps désigne l’ensemble de la personne. C’est tout Jésus qui a été relevé des morts.

À lui (v 23). Littéralement : à son «nom». Faire confiance au nom de Jésus, c’est le faire à sa personne.

 

Jésus et le Temple

 

Il faut dire, dès le départ, que le temple de Jérusalem est beaucoup plus qu’un lieu de pèlerinage. Le pouvoir politique (grand prêtre et Cour suprême) y siège. La police judéenne y est localisée. Là travaillent les prêtres, lesquels ont la large responsabilité d’assurer les services de santé publique, d’évaluer la contagion des personnes ou des objets, de soutenir les malades physiques ou psychiques, d’aider à la prière individuelle, de prodiguer des conseils spirituels, ou d’animer le culte public. Le Temple est également la banque de la Judée. Les veuves y déposent les sommes héritées de leurs maris pour les mettre en sécurité. En théorie, le Temple perçoit une taxe annuelle de chaque travailleur judéen à travers le monde, celle-ci équivalant à deux journées de salaire[2]. La place était fortement gardée et on n’entrait pas là comme dans un moulin. À l’intérieur des murailles, les dons ou transactions s’effectuaient en utilisant l’ancienne monnaie de Tyr, qu’on obtenait de la part des changeurs officiels installés sur place.

Alors que les rédacteurs des évangiles synoptiques ont placé le récit du geste de Jésus contre le Temple à la fin de sa vie publique, Jean le raconte au début. Historiquement parlant, les premiers ont raison, et, pour le fond, il s’agit là d’une donnée sûre, l’événement ayant fourni aux autorités de Jérusalem le prétexte qu’elles attendaient pour l’arrêter. Elles ne pouvaient permettre que soient interrompus les échanges commerciaux qui se faisaient dans le Temple, devenu pour Jésus un marché public (Jn 2,16) ou un repaire mafieux (Mc 11,17b). Certains interprètes parlent d’une «purification» de cette institution. Mais Jésus était un homme du Nord, où on se souvenait avec amertume que les Judéens avaient jadis détruit leurs temples pour centraliser le culte dans celui de Jérusalem (2 R 23,15-20). Il a plutôt annoncé la fin de ce dernier comme le scribe qui a rédigé l’épisode du figuier stérile (Mc 11,12-14.20) l’a bien compris : l’institution était desséchée depuis la racine et n’avait plus de rôle utile à jouer.

 

Jean

 

La péricope est en quatre morceaux, un cadre (vv 13.23-25) entourant la description du geste (vv 14-17) et la discussion qui s’ensuit (vv 18-22)

1. L’ouverture du récit dit bien la distance à la fois galiléenne et johannique vis-à-vis des rites et du culte propres à la Judée.

 

2,13 Et la Pâque des Judéens était proche, et Jésus monta à Jérusalem.

 

Le Sud, qui n’éprouvait que mépris pour les anciens temples du royaume du Nord, avait entrepris au septième siècle, afin de centraliser le culte à Jérusalem, d’en rendre plusieurs inutilisables à jamais (2 R 23,15-20). La décision s’était prise après la séparation des deux royaumes. Elle n’avait donc jamais été avalisée par les Galiléens, qui, contrairement aux idées reçues, ne se rendaient au Temple de Jérusalem ni en masse, ni de gaieté de cœur. La formulation du v 13 laisse donc entendre, dès les premiers mots, que Jésus n’y «monte»[3] pas avec l’intention d’y accomplir un pieux pèlerinage. C’est la première des trois fêtes de Pâque mentionnées dans le Livre des signes (2,13; 6,4; 11,55 : même formulation distanciée).

2. Pour un premier geste en Judée, le récit (vv 14-17) ne fait pas dans la dentelle. L’ordre des choses n’est pas laissé au hasard. D’abord, ce sont les marchands au service des riches qui y passent, ceux qui peuvent se payer le luxe des super-sacrifices, pour s’acheter les faveurs de la divinité. Dehors, donc, les fournisseurs de produits de luxe, marchandise comprise! Puis c’est le tour des services financiers : renversé, le système. On passe enfin aux petits commerçants, dont la clientèle est composée de pauvres gens qui, pour animaux de sacrifices, ne peuvent se payer qu’un oiseau ou deux. Ceux-là, ils peuvent ranger leurs affaires et les emporter avec eux. Tout cela accompagné d’une parole qui, littéralement, dit ceci : «Ne faites pas de la maison de mon Parent une maison de commerce». Ces mots rappellent le dernier verset du livre de Zacharie :

 

Za 14,21 Ce jour-là, il n’y aura plus de marchand dans la maison de Yhwh des armées.

 

La scène se termine sur une réminiscence biblique de la part des partisans de Jésus – seule la première moitié du verset est cité, je le traduis ici au complet :

 

Ps 69,10 La passion pour ta maison m’a dévoré,

et les insultes de tes insulteurs me sont tombées dessus,

 

L’interprétation de ce petit texte est délicate. Elle dépend largement de l’idée qu’on se fait de la relation que l’évangéliste entretenait avec le culte. Il faut remarquer, d’abord, qu’il s’agit du seul geste de Jésus, assimilable à un signe, dans lequel il se trouve une citation explicite de l’Écriture. Or, plusieurs passages tirés des traditions sur Moïse ou Élisée auraient pu être mis à contribution pour enraciner les signes dans l’Ancien Testament. Le récit du geste contre le commerce au Temple est donc unique, d’autant plus qu’il contient aussi une référence implicite à une parole de Zacharie. D’où provient-il?

D’abord il faut dire deux choses : le geste convient tout à fait à la personnalité de Jésus, mais ce n’est pas son habitude de s’expliquer à l’aide de l’Écriture. Il n’a rien d’un scribe, et il raisonne à partir du futur du régime de Dieu plutôt qu’en se référant à des traditions écrites issues du passé. Comme lui, ses partisans sont des hommes du peuple qui, sauf exception, ne sont pas des lettrés (Ac 4,13). Contrairement au milieu responsable de la rédaction des autres signes, c’est donc d’une école de scribes chrétiens vraisemblablement située à Jérusalem que provient un tel texte. Ces auteurs, ils sont chrétiens, puisqu’ils approuvent le geste scandaleux de Jésus. Mais ils sont aussi de Judée, plus précisément de Jérusalem; ils ont été élevés à l’ombre du Temple pour lequel, contrairement à leurs confrères de Galilée, ils ont encore le plus grand respect. S’ils approuvent Jésus, ils n’en espèrent pas moins que les choses vont changer : «Arrêtez» (v 16) de vous comporter ainsi.  Jésus avait donc raison, son geste était dans la ligne de l’espérance du prophète Zacharie, et correspondait à la pensée du psalmiste. Mais il était lourd pour les chrétiens de Jérusalem d’y vivre avec le souvenir que Jésus avait laissé dans la population, en particulier chez les dirigeants.

Il faut se rappeler, de plus, qu’au moment où l’évangéliste intègre ce récit à son œuvre, le Temple n’existe plus. Mais, pour lui, ce n’est pas une tragédie; la relation à Dieu n’est pas liée au culte et aux bâtiments (4,21). Il n’a donc pas de problème à se servir d’un texte dans lequel se manifeste un attachement passionné pour la maison de Dieu. Au moment où il écrit, c’est sans objet. Ce qui l’intéresse profondément, cependant, c’est de montrer un Jésus qui, à Jérusalem, s’attaque au système sacrificiel et financier du Temple. Le récit qu’il a sous les yeux place Jésus en plein cœur du système qui a ses ramifications dans l’ensemble du pays, et il le montre en train de le renverser. C’est ce qui motive l’évangéliste à s’en servir pour illustrer le genre de signes qu’il faisait (v 23).

3. Si la Galilée est sympathique aux signes de Jésus, ce n’est pas le cas en Judée, surtout à Jérusalem. Tout comme les Judéens avaient été les premiers à réagir aux propos de Jean (1,19-28), ils font de même quand ils apprennent, sans qu’on sache comment, le geste de Jésus contre le système commercial et financier du Temple. Alors que là, ils avaient envoyé des délégués, ici, dans le troisième morceau du récit, les voici en personne (v 18). Ils sont sur leur terrain, ils choisissent leur arme préférée, celle de l’autorité. L’attaque est directe :

 

18b Quel signe nous montres-tu pour faire de telles choses?

 

Les Judéens sont dans le Temple, lequel est situé exactement au centre de la terre, directement en-dessous du trône de Dieu qui est dans les cieux. Ils sont investis de l’autorité divine qui leur descend directement sur les épaules. Ils ont le droit d’interroger celui qu’ils traitent comme un prévenu et qui, plus loin, deviendra un accusé. Il a déjà à se justifier. Or, son geste est injustifiable à moins d’un signe qui descende en droite ligne du trône d’au-dessus. L’évangéliste est évidemment ironique : Jésus vient de signifier l’immense colère de Dieu contre le commerce et la finance, dans un geste dont la violence était le seul moyen d’en faire connaître l’étendue. Et on lui demande de donner un signe pour justifier le signe! La question permet déjà de deviner la largeur du fossé qui va séparer Jésus de ses interlocuteurs dans le reste de l’évangile.

Nous ne saurons jamais quelle réponse l’évangéliste avait mise dans la bouche de Jésus[4], car, pour la première fois (vv 19-22), le «catholique»[5] est intervenu pour ajuster le texte au déroulement de l’histoire de sa communauté. La grande Église a ses propres façons de comprendre Jésus, et il y a des compromis à faire. Le catholique reste cependant un bon disciple de l’évangéliste son maître. Il sait jouer de l’ambiguïté, se servir des doubles sens pour dire sa foi tout en mystifiant les interlocuteurs. Apparemment, la parole est prononcée par Jésus à la fin des années 20, et vise le Temple, lequel ne sera détruit qu’une quarantaine d’années plus tard. Mais au moment où le catholique écrit, le Temple n’existe plus depuis plus de vingt ans, alors que Jésus, lui, était déjà relevé des morts[6]. Tout le monde savait bien que c’étaient les Romains qui avaient détruit le Temple, mais, même au temps de Jésus, pour plusieurs, il n’existait déjà plus comme temple de Dieu, il était devenu un centre commercial (v 16).

4. La seconde partie du cadre (vv 23-25) sert à meubler le séjour de Jésus à Jérusalem. Notons, en passant, que, dans le Livre des signes, Jésus va «demeurer» un peu partout en Palestine[7], mais jamais à Jérusalem. Ici, il y «est», pendant la fête de la Pâque. Seulement le temps qu’il faut. Il séjourne à Jérusalem, mais l’évangéliste ne dit rien d’une quelconque participation aux rites ou au culte entourant la fête[8]. Sous un aspect, le texte ressemble aux sommaires dont les synoptiques sont friands, sortes de résumés d’une série de gestes de Jésus[9]. Celui-ci a donc fait un certain nombre de «signes» à Jérusalem, à l’occasion de son séjour pendant la Pâque, et il y a beaucoup de gens qui, en apparence du moins, ont confiance en lui.

Dans le cours du Livre des signes, l’évangéliste dira de beaucoup de monde qu’ils font confiance en Jésus, mais, la plupart du temps, ce sera pour se rétracter par la suite. C’est une attitude dictée par l’expérience et la sagesse[10]. Le chemin de vie tracé par l’évangile étant basé sur la liberté, la justice et la fraternité, il rejoint des aspirations profondes de l’être humain. Dans un premier mouvement, il est donc facile d’y adhérer. Mais, dès que la dure réalité du système se fait sentir, les reculs sont nombreux. En quelques mots, l’évangéliste suggère donc plusieurs lignes de réflexion.

À première vue, pour un temps, le système sait montrer de l’ouverture, de la sympathie, de la compréhension. Mais il ne faut pas se laisser duper. Ce n’est qu’une façade, jamais n’aura-t-il l’intention de changer. Il n’est donc pas question de lui accorder sa confiance, ni de le laisser décider de ce qu’il convient de faire ou non, ni de lui confier le soin de juger de la qualité des êtres humains. N’est digne de confiance que celle ou celui dont les décisions manifestent la liberté vis-à-vis du système. L’attitude à avoir vis-à-vis des autres repose donc sur une sorte d’intuition de fond à laquelle il faut se résoudre à faire confiance. C’est là une des manifestations fondamentales de la «foi». L’évangéliste projette naturellement en Jésus cette sagesse qu’il a apprise à la dure école de la vie, et il la propose aux siens pour leur éviter le choc des trop grandes désillusions. Ce n’est pas parce que quelqu’un se dit croyant, ou qu’il a été promu à de hautes fonctions dans l’Église, qu’il faut nécessairement lui faire confiance. Dur apprentissage.

 

Ligne de sens

 

1. Le geste de Jésus au Temple pose la question de la violence. Jésus fait clairement violence aux commerçants du Temple et à leur clientèle. Pour aider au discernement, il y a quelques balises qu’il faut tracer. D’abord, la question doit être abordée à partir d’en bas, c’est-à-dire de la souffrance, de la misère et de l’oppression qu’y crée la violence des puissants. Ceux et celles qui profitent du système font souvent l’impasse sur cette dernière, se refusant à la voir, donnant le nom de paix à la situation d’oppression qui génère les conditions de leur bien-être et appelant «violence» la seule réaction des petites gens contre le mal qui leur est fait. C’est sur ce fond de scène que se comprend la violence du Dieu de la Bible, laquelle scandalise tellement de gens.

Dans l’Ancien Testament, par exemple, Yhwh est présenté comme un Guerrier («Yhwh-des-Armées») qui agit en Guerrier, parce qu’il a un peuple à protéger et à défendre contre les attaques de ses voisins. Dans le Nouveau, la première parole de la source Q est : «Enfants de vipère! Qui vous a appris à fuir la Colère à venir?» (Q 3,7). Et, dans les paroles de Jésus, il y a beaucoup de violence contenue. C’est que l’évangile bouillonne de la colère qu’éprouvent les opprimés à la base de la société. C’est pourtant là, avec eux, que Jésus a fait son expérience marquante du Parent. Le Dieu de Jésus se rencontre dans un contexte où s’exerce la violence, et l’évangile est raconté en conséquence. C’est là qu’on apprend à «connaître l’être humain de l’intérieur» (v 25).

2. Il n’y a pas, dans la Bible, de «miracle» qui serait pure mise à l’écart d’une loi de la nature pour démontrer que Dieu peut faire n’importe quoi. S’il y a eu Création, c’est justement pour mettre de l’ordre dans le Chaos, et l’irruption soudaine de n’importe quoi pour la gloriole de Dieu serait chaotique. Il ne sert donc à rien de prier pour que la nature désobéisse aux règles qui la régissent, cela n’arrivera pas. Une statue qui saigne n’a aucun sens et ne dit donc rien de Dieu. Un arc-en-ciel les deux branches en l’air ferait peut-être une belle photo, mais ne devrait avoir aucun impact sur la foi. Le Dieu de l’évangile se rencontre dans l’humanité souffrante et nulle part ailleurs. C’est sa spécificité, en vue d’une tâche spéciale, à l’intérieur de laquelle se donnent les «signes» requis, lesquels apparaissent toujours insignifiants aux yeux des tenants du système.

3. Il y a, dans la conduite de Jésus et dans les textes évangéliques qui rapportent la mentalité de Jésus Christ, un surprenant mélange d’espérance et de désespérance, lequel va à l’encontre d’une conviction bien ancrée chez les partisans actuels de Jésus. On se fait souvent dire que pour changer les choses – dans tous les systèmes, mais dans l’Église en particulier – il faut y travailler de l’intérieur. Cela est fondé dans l‘illusion qu’au fond les systèmes ont bonne volonté et qu’éventuellement les institutions, y compris l’Église, vont accepter de changer. Jésus et l’évangile ne voient pas les choses ainsi. Ils ne réfléchissent pas sur l’horizon du long terme, mais vivent en accordant toute son importance au moment présent.

Chaque jour est donc le temps de voir clair et d’offrir au système la chance de sortir de son aveuglement et de marcher droit. Or, aujourd’hui ne reviendra pas demain, encore moins après-demain. Si l’autre quel qu’il soit, individu ou système, dit non à la vie, il a choisi la mort. Selon Jésus, selon l’évangile, c’est tout, c’est définitif, l’autre a choisi son camp, il a eu sa chance, il l’a laissé passer. L’image du fouet indique qu’il y a eu séparation, chacun, chacune doit retrouver la place de son option. L’évangile est un appel à prendre conscience de soi, du fond de soi et à faire prendre conscience aux autres de l’orientation fondamentale, longtemps mûrie, de leur être. Ensuite, chacun, chacune – individu ou Église – suit le chemin de sa vie.

 

Notes :

 

[1] Ps 69,10.

[2] Un demi-shèqèl vaut deux deniers ou didrachme. Si le million de travailleurs judéens dispersés dans l’Empire payait sa taxe, c’était l’équivalent de quelque 200 millions de dollars qui entraient chaque année dans les coffres du Temple. Le trésor accumulé était considérable. Certains pensent que le Colisée de Rome a été payé par l’argent dont Titus s’est emparé en pillant le Temple.

[3] On «monte» de Capharnaüm (180 mètres sous le niveau de la mer) à Jérusalem (780 au-dessus).

[4] Encore aujourd’hui, nous ignorons le mot à mot de la parole de Jésus dans laquelle il prophétisait sur la destruction du Temple. Ce qui est clair, cependant, c’est qu’elle a joué un rôle majeur dans sa condamnation à mort.

[5] Le «catholique» est un rédacteur postérieur à l’évangéliste qui, à la fin du Ier siècle, ajuste la façon johannique de dire la foi à celle du reste de l’Église. Un de ses thèmes préférés est la résurrection.

[6] Le v 19 est un des très rares passages du Nouveau Testament où il est suggéré que Jésus se serait relevé lui-même. La formulation est due au fait que la parole est conditionnelle («Si vous détruisez ce Temple, alors…»), et, au premier niveau, elle vise le Temple. Le catholique s’exprime ici comme l’évangéliste le fera plus loin, en considérant que le fils (l’envoyé) fait ou peut faire la même chose que le Parent. Mais, quand il s’explique sur le sens de la parole, il revient à la formulation traditionnelle selon laquelle Jésus «a été relevé» (v 22), le responsable du geste étant implicitement le Parent.

[7] Jésus «demeure» en Galilée (2,12; 7,9), en Samarie (4,40), en Transjordanie (10,40; 11,6), quelque part en Judée (11,54).

[8] Dans l’ensemble des évangiles, chaque fois que Jésus se rend à l’assemblée (synagogue) ou au Temple, il se montre en porte-à-faux avec le système. Ce ne peut être un hasard.

[9] Voir, par exemple, Mc 6,53-56.

[10] L’explication de la parabole du Semeur en Mc 4,14-20 reflète le même type d’expérience.

 

À PROPOS D’ANDRÉ MYRE

André est un bibliste reconnu, auteur prolifique et spécialiste des évangiles, particulièrement de celui de Marc. Il a été professeur à la Faculté de théologie de l’Université de Montréal. Depuis plusieurs années, il donne des conférences et anime des ateliers bibliques.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

Partager :

Suivez-nous sur Facebook

Suivez la fondation sur Facebook afin de rester informé sur nos activités, nos projets et nos dernières publications.

Je m’abonne

Envie de recevoir plus de contenu?

Abonnez-vous à notre liste de diffusion et nous vous enverrons un courriel chaque fois qu’un nouveau billet sera publié, c’est facile et gratuit.

Je m’abonne